Comme beaucoup d’auteurs, j’avais l’habitude d’utiliser Evernote uniquement comme l’un des éléments d’un système de rédaction plus vaste. Je conservais mes notes de recherche et de brainstorming dans Evernote, tout en rédigeant des brouillons dans une autre application. Cependant, les applications de rédaction semblaient subir des modifications constantes, qui avaient parfois lieu au beau milieu d’un projet. Word, Scrivener, Google Docs, Ulysses… Je les ai toutes essayées. Chacune d’entre elles à ses avantages et ses inconvénients, cependant je n’arrivais pas à trouver un système qui me convienne.
Alors que je devenais de plus en plus à l’aise avec Evernote au fil des ans, j’ai remarqué que je l’utilisais pour enregistrer une quantité grandissante de pensées personnelles et de projets liés au travail. Au bout du compte, j’ai décidé d’arrêter de tourner en rond et je me suis lancé dans l’écriture d’une nouvelle de 10 000 mots uniquement dans Evernote, sans utiliser d’autre plateforme. C’était un peu risqué, en particulier car j’avais un délai à respecter pour une anthologie, cependant l’expérience s’est mieux déroulée que ce à quoi je m’attendais.
Lorsque j’ai arrêté l’acrobatie mentale consistant à gérer deux interfaces et deux jeux de commandes différents, ma vitesse d’écriture s’est accélérée. Au lieu de me débattre avec des paramètres et des styles pendant des heures et des heures (mon pire taux de productivité), je me suis contenté d’écrire. Ayant installé Evernote Premium sur mes ordinateurs portables personnel et professionnel, et sur mon téléphone, je pouvais rédiger une phrases ou deux à tout moment et peu importe l’endroit où je me trouvais via l’application que j’étais déjà en train d’utiliser. Je ne perdais jamais le fil de ma pensée car le project d’histoire entier était toujours à portée de main.
L’auteur lors de l’édition 2014 de la nuit d’écriture dangereuse (Night of Writing Dangerously) organisée par NaNoWriMo. La coordination de la couleur des noeuds papillon est une pure coïncidence.
Après avoir testé ce système sur quelques nouvelles, je l’avais suffisamment affiné pour pouvoir voir plus grand. Je me suis lancé dans le mois national d’écriture de roman (National Novel Writing Month) avec Evernote ouvert et toutes les autres applications fermées et hors de ma vue. Je le fais de nouveau cette année. Voici comment cela fonctionne.
Mise en place : des carnets de notes aux étiquettes
Même si vous avez déjà commencé à écrire votre histoire, consacrer un peu de temps à l’organisation de votre roman maintenant payera au bout du compte. La mise en place comprend trois composantes principales :
Étape 1 : notes et carnets de notes
Pour un projet de taille roman, préparez un carnet de notes exclusivement pour ce roman. Chaque chapitre constituera une note différente. En plus des chapitres du brouillon, j’aime joindre quelques notes supplémentaires :
- Extraits : dans cette note, j’enregistre tous les morceaux de dialogues et descriptions qui me viennent au hasard à l’esprit au cours de la journée, même si je ne sais pas encore comment je les utiliserai. (Astuce : si vous participez à NaNoWriMo, pensez à ajouter les extraits à votre nombre de mots !)
- Questions non résolues : chaque jour, je commence par lire ce que j’ai rédigé le jour précédent et note tous les détails à régler que je rencontre. Cette étape m’aide à écrire une fin « bien ficelée » et me permet d’économiser un temps considérable à l’étape de la révision.
- Scènes coupées : parfois, je ne ne peux m’empêcher de me relire alors que j’écris. Si je ressens le besoin de couper une scène, j’aime la garder à portée de main juste au cas où.
Évidemment, vous aurez aussi des douzaines de notes pour vos recherches (je recommande une note par thème), des fiches pour vos personnages, vos environnements, et la planification de votre histoire.
Étape 2 : titres et organisation
La prochaine étape est de vous assurer que les titres de toutes ces notes ont le même format afin de toujours savoir à quoi correspond chaque note.
Pour les chapitres, j’utilise habituellement le format suivant : « [ROMAN] Chapitre 01 : Titre du chapitre ».
Pour les personnages, j’utilise un titre du type : « [ROMAN] Personnage : Angelica de Rothbury ». Pour mes recherches, j’utilise le format suivant : « [ROMAN] Recherches : Expression arabes utiles », et ainsi de suite. Choisissez un format qui fonctionne pour vous et utilisez le de façon cohérente.
Remarque : bien que j’utilise « ROMAN » dans les exemples ci-dessus, il s’agit uniquement d’un paramètre fictif. En pratique, j’utilise un code à trois lettres pour chaque projet. Cela m’aide à maintenir mes notes bien organisées et m’évite de mélanger mes projets. Pour le roman que j’écris actuellement « Five Fingers of Fate », par exemple, le titre de chaque note commence par [FFF].
Ensuite, classez votre liste de notes par ordre alphabétique en fonction du titre des notes. Cela est particulièrement utile pour la liste des chapitres, qu’il est plus facile de classer par ordre alphabétique. Si vous souhaitez que vos notes récemment modifiées apparaissent en haut de la liste, vous pourrez toujours modifiez à nouveau les paramètres de tri.
Étape 3 : étiquettes et raccourcis
C’est là que la magie opère. Sans étiquettes, il sera bien plus difficile de naviguer dans toutes ces notes. L’objectif et de trouver la note dont vous avez besoin aussi rapidement que possible, sans chercher, afin de conserver votre fluidité d’écriture. Pour un roman, je créerai un ensemble d’étiquettes spécifiques pour chaque type de note que je crée :
- roman
- roman-chapitres
- roman-personnages
- roman-lieux
- roman-intrigue
- roman-recherches
Remarque : une fois de plus, bien que j’utilise « roman » dans les exemples ci-dessus, il est important de créer des étiquettes uniques pour chaque projet, ou vos notes pour différentes histoires finiront par être toutes mélangées. En pratique, j’utilise le même code à trois lettres pour les étiquettes que celui que j’ai utilisé pour les titres de notes.
Lorsque j’ajoute de nouvelles notes à un projet, je m’efforce de bien ajouter l’étiquette générique du roman ainsi que l’étiquette spécifique indiquant de quel type de note il s’agit.
Une fois que vous avez étiqueté toutes vos notes, vous pouvez rechercher l’étiquette « roman-chapitres » afin d’accéder instantanément à tous les chapitres de la liste de notes, et rien d’autre. Encore mieux, vous pouvez créer un raccourci pour chaque étiquette et vous n’aurez même plus d’effectuer une recherche. Il vous suffira de cliquer sur l’étiquette dans liste des raccourcis, et hop, les notes dont vous avez besoin s’affichent à l’écran.
Conseil de pro nº 1 : si vous souhaitez aller plus loin, ajoutez des émotionnes à vos étiquettes afin de les trouver plus rapidement.
Conseil de pro nº 2 : créez des étiquettes supplémentaires pour chacun des personnages principaux afin de pouvoir les filtrer en fonction des chapitres dans lesquels ils apparaissent. Cela vous aidera à suivre leur trace au fur et à mesure que votre roman avance.
Une tableau de bord pour votre roman
Lorsque je travaille sur un vaste projet d’écriture tel qu’un roman, les listes de notes ne me suffisent pas. J’ai besoin d’un emplacement central me permettent de gérer l’intégralité du projet du début à la fin. Découvrez la note « tableau de bord ».
Cette note a un titre du type : « [ROMAN] .TABLEAUDEBORD », et je lui attribue toutes les étiquettes principales que j’ai créées pour mon projet. Utiliser toute les étiquettes signifie que cette note apparaît dans tous mes filtres, et le point situé devant « TABLEAUDEBORD » permet à cette note de toujours apparaitre au sommet de la liste de notes si j’utilise un classement par ordre alphabétique.
Que contient la note tableau de bord ? Quasiment tout.
- Informations de base : au sommet de la note se trouve un simple tableau comprenant le titre du roman, son genre, le nombre de mots, et série. J’ajoute également un préambule d’une paragraphe résumant le thème du roman (avec un lien vers la feuille de travail que j’ai utilisée pour écrire le préambule). Pour NaNoWriMo, j’ajoute également des liens vers le site Web et le forum NaNoWriMo, ainsi qu’une feuille de calcul Google dans laquelle je suis la progression de mon nombre de mots au cours du mois.
- Liste de contrôle du statut : c’est là que je coche les tâches au fur et à mesure que je les commence et que je les achève. Les tâches peuvent comprendre les éléments suivants : trouver un point de départ pour l’histoire, esquisser l’intrigue, ou encore, écrire un brouillon. Lorsque l’heure de la révision est arrivée, j’ajoute également ces tâches à la liste.
- Résumé de l’intrigue : plus long que le préambule, ce résumé comprends quatre ou cinq paragraphes décrivant l’histoire du début à la fin. Lorsque je me perds à mi-parcours lors de la rédaction brouillon (c’est le cas à chaque fois), je peux toujours revenir sur ce résumé et me rappeler où je vais et pourquoi.
- Décomposition des chapitres : ce tableau comprend des résumés d’une ligne décrivant ce qui se passe (ou ce que je pense qu’il va se passer) dans chaque chapitre. Si je me sens particulièrement organisé, il se peut que je remplisse ce tableau d’avance, cependant je le rempli habituellement au fur et à mesure de ma progression. Chaque ligne contient une case à cocher afin que je puisse voir d’un coup d’oeil l’avancement de mon histoire. J’ajoute également des liens vers les notes correspondant à chaque chapitre afin de pouvoir accéder directement à un chapitre particulier lorsque j’en ai besoin.
Vous souhaitez créer votre propre note de tableau de bord ? Téléchargez le modèle »
Et voilà ! Ce système ne fonctionnera pas nécessairement pour tout le monde. Il a évolué avec le temps en fonction des mes habitudes personnelles et de mes petite manies. Cependant, il m’a considérablement aidé à organiser mon esprit tortueux et à rester concentré sur mon objectif, dans le cas de NaNoWriMo ou de tout autre vaste projet d’écriture. J’espère qu’il vous aidera vous aussi.
Bonne chance dans la rédaction de vos aventures !